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  France-Italie, chronique d'une rivalité artificielle
 

                        FRANCE-ITALIE
 CHRONIQUE D'UNE RIVALITÉ ARTIFICIELLE


          Au soir du 9 juillet 2006, toute la France nourrissait une féroce rancoeur contre des italiens qui les privaient d'une seconde étoile de champions du Monde. Cette rancoeur, les italiens l'avaient connu six ans plus tôt, lorsqu'un certain Wiltord arrachait les prolongations d'une finale de Coupe d'Europe promise à l'Italie, que Trezeguet se chargera d'offrir aux Bleus. Français et italiens semblent donc destinés à se mutiler mutuellement en liant ainsi leurs destins réciproques. Mais d'où provient réellement cette rivalité, comment s'est-elle fondée, et surtout, à qui profite t-elle ?


                                 RIVALITÉ HISTORIQUE ET DESTINS CROISÉS


          La rivalité entre ces géants du football mondial est tout d'abord née de leur proximité géographique. Etant voisins limitrophes, français et italiens avaient davantage de facilité à jouer l'un contre l'autre à des époques où le déplacement n'était pas chose aisée. Ainsi, entre 1910 et 1938, pas moins de 17 matchs se sont déroulés entre ces deux nations. Et avec un bilan sans appel en faveur des italiens qui remportèrent 11 rencontres. Mais après une pause de dix ans générée par la seconde guerre mondiale, les confrontations franco-italiennes reprennent en 1948 avec la même domination transalpine qui remportera 5 succès pour 3 nuls en 8 matchs. La France s'enlise dans la frustration et l'Italie dans son complexe de supériorité. C'est peut-être ce qui fera changer les choses. Car entre 1982 et début 2006, l'Italie ne parviendra à battre qu'une fois les Bleus qui s'imposeront à 6 reprises en 9 confrontations. Peu enclins à voir leurs victimes de toujours se révolter de la sorte, les italiens n'accepteront pas les subites victoires tricolores, rajoutant un peu de piments dans un rivalité déjà bien entamée. Au total, 35 matchs ont été joués entre la France et l'Italie, 8 tournant à l'avantage de Bleus contre 17 pour la Squadra Azzura. 10 se sont terminés par un résultat nul.
          Mais si français et italiens ont une telle rancoeur les uns par rapport aux autres, c'est également dû au fait que le hasard s'acharne à les faire se rencontrer inlassablement au fil des grands tournois majeurs. Ainsi, ces deux nations se sont déjà rencontrées à trois reprises depuis 1998 lors de matchs à élimination directe après un dénouement haletant. Et à chaque fois, l'une passait dans la gloire tandis que l'autre se perdait en déboires et désillusion. On se souvient de l'insoutenable séance des tirs aux buts lors des quarts de finale du mondial 1998 et la frustration de Di Biagio qui touchait la transversale en laissait l'Italie à quai. Deux ans plus tard, le scénario se reproduisit pour une Squadra Azzura maudite. L'improbable renversement de situation de la finale de l'Euro 2000 plongea l'Italie dans une vague de désespoir. A chaque fois, les Bleus l'emportaient sur une Squadra Azzura qui nourrissait dans l'ombre ses envies de vengeance. Une vengeance qu'elle ne manquera pas de saisir lors d'une finale de Coupe du Monde qui fit couler beaucoup d'encre.


                                   UNE RIVALITÉ REMISE AU GOÛT DU JOUR


          Le 9 juillet 2006 restera comme une date historique dans l'évolution des rapports franco-italiens. Elle marquera un tournant décisif dans cette relation qui est passée en une soirée de simple rivalité à véritable guerre froide. Une soirée où la finale de la Coupe du Monde 2006 a filé entre les doigts des Bleus pour atterrir entre les mains d'italiens opportunistes. Une soirée qui vit chuter une légende lorsque, à quelques minutes du début de la terrible séance des tirs aux buts, Zinédine Zidane passa ses nerfs sur le torse de Marco Materazzi dans un "coup de boule" déjà mythique. Et une nuit où toute la France pleura sa Coupe du Monde perdue et dont le responsable expiatoire ne pouvait être que le "boucher" Marco Materazzi. Dans l'histoire, tout le monde fut lésé. Grande frustrée de cette finale, la France a fini par perdre cette Coupe du Monde qui lui tendait les bras. L'Italie, malgré son sacre mondial, voyait sa popularité chuter à cause de son non-match lors de la finale mais surtout de la provocation de Materazzi qui retint l'entière attention des médias durant tout l'été. Ainsi, la France en a voulu à l'Italie de lui avoir volé la victoire tandis que l'Italie en a voulu à la France de lui avoir volé la popularité qu'elle estimait avoir mérité. Et la boucle fut bouclée.
          Maintenant, pour savoir qui a raison et qui à tort ou qui a commencé, c'est chercher qui de la poule ou de l'oeuf est arrivé en premier. Une chose est sûre, personne ne fait en sorte que cela s'arrête. A commencer par les principaux acteurs de cette rivalité, à savoir les joueurs ou sélectionneurs. Car depuis deux ans et cette fameuse soirée du 9 juillet 2006, Raymond Domenech et son homologue Roberto Donadoni ne cessent de s'envoyer de petites piques par presse interposée. Mais ils ne sont pas les seuls. Car ce fut bientôt les joueurs, le milanais Gennaro Gattuso en tête, qui mirent le pied à l'étriller afin d'aider leurs sélectionneurs dans cet affrontement écrit. La rivalité sportive entre la France et l'Italie prend donc bel et bien une autre tournure, parfois même au détriment du spectacle. La dernière rencontre entre ces deux équipes s'est soldée par un triste 0-0, tant la tension était palpable sur le terrain. Trop peureux de voir l'équipe adverse prendre l'ascendant sur le match, les vingt-deux protagonistes jouaient avec la peur de perdre plus qu'avec leur habituelle envie de gagner. Ces tensions semblent donc inoxydable tant elles paraissent vitales pour les deux équipes et il faudra s'y faire. Tant que ces deux équipes continueront de tutoyer les sommets, une rivalité continuera de les unir.


                                                À QUI PROFITE T-ELLE ?


          Depuis maintenant deux ans, la pseudo-rivalité qui perdure entre la France et l'Italie ne cesse de faire les choux gras de la presse qui se régale des provocations réciproques. Car désormais, les affrontements entre ces deux super-puissances du football mondial ne s'écrivent plus sur le terrain mais bien sur les unes des journaux sportifs. Il est vrai que les deux sélectionneurs nationaux, et parfois même quelques-uns de leurs joueurs, ne manquent pas d'imagination et de piquant pour trouver la petite phrase blessante qui fera scandale de part et d'autre des Alpes. Mais dans ce rayon, la référence en la matière est sans conteste Raymond Domenech. On se souvient tous de la polémique lancée par le sélectionneur français autour du match qu'il dit truqué entre les Espoirs français et italiens lors des qualifications pour les Jeux Olymiques de Sydney. Il faut également se souvenir que cette provocation fut lancée au mois d'août dernier, à moins d'un mois du très attendu Italie-France comptant pour les éliminatoires de l'Euro 2008. Dans quel but Domenech aurait-il provoqué ce scandale ? En allant jusqu'à accuser la fédération italienne de corruption à l'arbitre, le sélectionneur français connaissait très bien les risques et fut donc logiquement suspendu pour ce match décisif. Cependant, en détournant toute l'attention du peuple transalpin sur lui et en s'attirant les foudres du football italien, Raymond Domenech permettait à ses protégés de se préparer tranquillement et sereinement pour ce match, ce que ne put faire la Squadra Azzura, trop occupée à lui répondre. Et le résultat, on le connaît : les Bleus ont décroché un solide 0-0 dans un San Siro survolté où la Marseillaise fut sifflée et le non fair-play des italiens montré du doigt. Cette polémique lancée par Domenech ressemblait donc bien à piège qu'il aurait tendu à la sélection transalpine qui s'est littéralement jeté dedans. Mais si la rivalité entre la France et l'Italie a été utilisée ici à des fins sportives, cela n'est pas toujours le cas.
          A l'image de ce qui se passe en France entre l'OM et le PSG ou en Espagne entre le Real Madrid et le FC Barcelone, les rivalités entre deux équipes ont toujours passionné les foules. Au-delà de l'aspect sportif, il y a donc un sérieux projet marketing à saisir. Une équipe qui se bat seule n'accèdera jamais à la popularité, au grand damne de l'excentrique président Aulas. Ce n'est que lorsque deux équipes se disputent le haut de l'affiche et attirent l'attention grâce à des avant-matchs explosifs et un suspense insoutenable qu'ils gagnent le coeur des gens. Français et italiens ont trouvé la formule et ce sont leurs dirigeants qui se frottent les mains. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un coup d'oeil sur l'explosion du prix du maillot de l'équipe de France. Payé actuellement 10M€ par adidas, il le sera à hauteur de 42.66M€ à partir de 2011 avec l'arrivée du nouvel équipementier, Nike. De même, sur les meilleurs audiences réalisées par TF1 au cours de l'année 2007, le choc de San Siro du 8 septembre 2007 occupe une place de choix avec près de 10 millions de téléspectateurs et plus de 42% de parts d'audience. Il en va de même dans les stades où les billets se vendent en un rien de temps ou dans les bars où les boissons coulent à flot. En se livrant à de telles provocations, ces deux grandes nations participent parfois sans le savoir à la rentabilisation des dépenses de leurs fédérations.


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